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Eugène Poubelle

Le préfet Eugène Poubelle réussit, par son action innovante, à faire avancer la gestion de l’hygiène publique en imposant la normalisation des récipients, une collecte rationalisée et uniformisée des déchets, et en impliquant pour la première fois la population dans cet effort d’assainissement.

Né en 1831 à Caen dans une famille aisée, Poubelle fait de brillantes études de droit, puis exerce comme universitaire. Il commence sa carrière de préfet en 1870. En 1883, il est nommé à la préfecture de la Seine.

L’un des chantiers majeurs du mandat de Poubelle sera l’assainissement de Paris par la collecte organisée des déchets. La croissance rapide de la capitale va de pair avec des problèmes d’insalubrité grandissants. Depuis le Moyen Âge, on pratique le "tout-à-la-rue" pour se débarrasser des ordures et les tentatives récurrentes des gouvernements pour faire changer ces habitudes restent inefficaces.

UNE RÉGLEMENTATION IMPOPULAIRE MAIS NÉCESSAIRE

Gagné aux idées des hygiénistes, Poubelle propose une réglementation sur les déchets inédite pour l’époque : deux décrets, datés respectivement du 24 novembre 1883 et du 7 mars 1884 organisent le ramassage des ordures et obligent à l’utilisation de récipients normés pour le dépôt quotidien des déchets. Des oppositions s’élèvent.

Le mécontentement est relayé par la presse, et cette réglementation est si impopulaire que les boîtes pour les ordures sont affublées du nom de leur prescripteur.

Poubelle reste préfet de la Seine pendant douze ans. Il prend en 1894 un arrêté obligeant les propriétaires à raccorder leurs immeubles au réseau d’égouts et à payer les frais d’exploitation afférents à la collecte, achevant ainsi le programme de tout-à-l’égout entamé par Haussmann. Poubelle meurt en 1907 après que son nom est passé à la postérité dans le vocabulaire commun.

FOCUS

L’AUTORITÉ DE PRÉFET DE LA SEINE RÉTABLIE

À l’arrivée de Poubelle, le conseil municipal de Paris représente les arrondissements, mais l’administration directe de la ville relève du préfet de la Seine et du préfet de police, tous deux nommés en conseil des ministres.

Paris est donc le théâtre majeur de la confrontation des forces politiques, et la préfecture de la Seine voit son influence décroître auprès des conseillers municipaux, de la Préfecture de police, et même de la population. Charismatique et volontaire, le nouveau préfet saura tout au long de son mandat rétablir l’autorité de sa fonction, faisant dire à Jules Ferry : "Il a sauvé la situation du préfet de la Seine ; on ne saurait lui en demander davantage".

Sources

Poubelle-Paris (1883-1896) : la collecte des ordures ménagères à la fin du XIXe siècle, Jugie, Jeanne-Hélène, notice consultable sur BibliEau

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